Institut Gaston Berger

Le modèle INSA Lyon

Au cœur de la reconstruction industrielle de la France dans les années 1950, le manque de plus de 10 000 ingénieurs encourage une politique nationale en faveur des écoles d'ingénieurs. Dans cette perspective, l'inauguration de l'INSA en décembre 1957 à Lyon a vocation à renouveler la formation de l'ingénieur et au-delà le rôle de celui-ci dans la société.

Votée en mars 1957, la création de l'INSA doit être selon les termes de l'époque une « grande expérience nationale d’enseignement », une école « pilote » même au niveau européen alors qu'elle s'inspire elle-même de l'Université technologique de Karlsruhe et du Massachusetts Institute of Technology.

Gaston Berger, directeur général de l'Enseignement supérieur, et Jean Capelle, premier directeur de l'INSA, ont principalement porté la vision d'une école humaniste. Ceci à l'aide d'un réseau d'acteurs mobilisés au croisement de l'éducation (René Billères, ministre de l'Education nationale ; le scientifique Henri Longchambon), du territoire (le préfet Massenet) et de l'industrie lyonnaise.

Le projet philosophique de Gaston Berger met en valeur la figure citoyenne de l'ingénieur. Sa fonction technique se charge d’une fonction politique, le plaçant ainsi face à une plus grande responsabilité.

L'éducation de l'ingénieur au sein de l'INSA se fonde ainsi sur deux dimensions sociale et intellectuelle:

1. Une dimension sociale porteuse de diversité

2. Une dimension intellectuelle du rôle de l’ingénieur

  • L’excellence scientifique, la vocation pratique et l’attitude créative

  • Une transversalité des savoirs

  • Un humanisme technique

 

60 ans plus tard

1. Des fondamentaux préservés et une extraordinaire richesse :

  • Diversité des élèves-ingénieurs : sociale, académique, territoriale, internationale, handicap, mixité ...
  • Diversité de l'offre de formation : neuf spécialités, filières internationales, sections arts-études, sport de haut niveau, ingénieurs-architectes, filière étudiant entrepreneur, doubles-diplômes, filière par apprentissage, doctorats, formation continue ...
  • Des centres transveraux : pôle de maths, centre des humanités, centre des sports, centre de documentation ...
  • Une formation en humanités : 20% d'enseignements en Humanités, sport obligatoire
  • Un département d'études doctorale (FEDORA)
  • Un campus école : hébergement, restauration, vie culturelle et associative intense, le BDE le plus important de France ...

2. Des enjeux contemporains à intégrer dans la formation et l'accompagnement des élèves :

  • Une réflexion approfondie autour des concepts clés de responsabilité, d'innovation et de créativité propres aux fonctions et aux projets menés par les ingénieurs.
  • Une connaissance fine du domaine de l'emploi et de la recherche (attentes des employeurs, évolutions de la société et de l'organisation du travail) afin de développer leur projet professionnel de façon adaptée à ces enjeux et à leur profil.
  • Une sensibilisation autour de la mixité des métiers et des domaines face à des secteurs en tension : adopter une démarche d'orientation pro-active consciente des enjeux contemporains et des réalités du terrain (telles que le plein essor des sciences du numérique pourvoyeurs de nombreux postes d'ingénieurs informatiques).

Qui était Gaston Berger ?

Philosophe, chef d’entreprise, enseignant et directeur général de l'Enseignement supérieur, tel est le parcours original du fondateur de l’INSA de Lyon. Gaston Berger (1896-1960) naît à Saint-Louis au Sénégal, d’une famille d’officiers coloniaux, et grandit dans le Sud de la France, à Perpignan puis à Marseille. Combattant lors de la Première Guerre Mondiale, résistant durant la Seconde, il développe dans un même mouvement sa formation intellectuelle et son engagement historique. Il obtient ainsi son baccalauréat à 23 ans et entame des études de philosophie parallèlement à la prise de direction de l’entreprise familiale d’engrais.

En 1941, il soutient une thèse consacrée au phénoménologue allemand Edmund Husserl, d’origine juive, ce qui témoigne de nouveau de l’engagement de Gaston Berger par le biais de la philosophie dans les épreuves du monde. Il obtient un poste d’enseignement en philosophie à la faculté d’Aix-Marseille en 1945. En 1953, Gaston Berger succède à Pierre Donzelot au poste de Directeur général de l’Enseignement supérieur (DGES) jusqu’en 1960. A partir des années 1950, un thème majeur de sa pensée concerne la prospective (c’est-à-dire la démarche qui propose des visions intellectuelles des avenirs possibles, appuyées sur une attitude philosophique et des méthodes de sciences humaines et sociales), dont il est le pionnier en France. Il participe à de nombreuses créations institutionnelles au carrefour de la recherche, de la formation et de l’industrie. Il décède prématurément dans un accident de voiture en 1960, alors qu’il allait quitter son poste de DGES et entreprendre une chaire sur la prospective à l’EHESS.