Responsabilités sociales
Un humanisme technique
Marqué par les événements du XXe siècle, Gaston Berger souligne le besoin de resituer la science et la technique dans son contexte historique et politique. Cet effort vise en particulier à prendre la mesure des implications et des conséquences de l’action de l’ingénieur. Dans cette perspective, l’idée de responsabilité sociale de l’ingénieur se présente comme une réflexion à nouveaux frais d’un humanisme technique, accentuant la prise de conscience de son rôle dans l’avenir technologique.
Le modèle INSA fait figure de socle philosophique situé dans le temps mais qui, par son fondement même, est une ressource pour aborder les questions actuelles dans le but de penser le rôle de l’ingénieur de demain. Dans ce sens, son fondateur s’assure que l’école valorise une aptitude et non un titre. De 1957 à demain, la figure de l’ingénieur « philosophe en action » permet de repenser tant la formation que la recherche en sciences humaines et sociales en école d’ingénieurs.
L’humanisme de l’ingénieur par Michel Faucheux
L’excellence scientifique, la vocation pratique et l’attitude créative :
Dans le but de proposer un nouvel ingénieur au cœur de la société, la formation inscrite dans le projet pédagogique de 1957 privilégie un apprentissage par les travaux pratiques, par l’expérience comme productrice de savoirs et savoirs théoriques. Contrairement à ce que laissent supposer les mots « sciences appliquées » qui figurent dans le nom de l’école, la technique s’affirme comme une voie d’accès à la connaissance et à l’action, directement en prise avec le monde.
« Ce sont ces inventeurs que l’enseignement doit promouvoir. Les cadres qu’il nous faut doivent à la fois être bien pourvus de connaissances et riches d’imagination. » (G. Berger, L'Homme moderne et son éducation)
Cette préconisation suscitée par les besoins de la ré-industrialisation de la France dans les années 1950 trouve de nos jours un écho autour de la question stratégique de l’innovation, face à laquelle il faut proposer des moyens de favoriser la créativité en complément des compétences scientifiques et techniques.
Une transversalité des savoirs :
« Le technicien, l’ingénieur dans sa pratique courante n’emploient aucune vérité qui ne provienne d’une science particulière, mais il lui appartient d’en faire une synthèse originale. » (G. Berger, L'Homme moderne et son éducation)
Le métier d’ingénieur découle d’une forme de rationalité de la pensée différente du modèle analytique qui caractérise la science moderne. Cela invite à mettre en œuvre une transversalité des savoirs en relation avec le développement des compétences de l’ingénieur.